Le Texas, terre d’inondations ?
À mon grand regret, je n’ai jamais visité le Texas. J’ai bien visité quelques parcs américains, quelques villes de Floride et quelques grandes métropoles aux Etats-Unis, mais je n’ai jamais mis les pieds au Texas – à une exception près, un arrêt de quelques heures sur un vol Paris – San Francisco qui faisait une escale à Dallas. Bref, je ne suis pas un expert du Texas.
Mais comme tout ingénieur moyen, je suis curieux. Je me souviens avoir vu des cartes des Etats-Unis où était représenté cet état, et j’avais noté sa taille importante – Wikipedia m’a confirmé que c’était le second plus grand état des Etats-Unis d’Amérique, après l’Alaska. Avec presque 700 000 km2, le Texas est plus légèrement grand que la France, et comme notre beau pays, il bénéficie ainsi d’une certaine diversité de climats, d’une région à l’autre, de la côte du golfe du Mexique (récemment rebaptisé par qui vous savez…) jusqu’aux plaines désertiques, des montagnes rocheuses jusqu’à la frontière avec la Louisiane.
De telle sorte que, lorsque j’entends des journalistes parler d’inondations au Texas, je fais un bond sur mon siège. Ces journalistes sont-ils incapables d’ouvrir un atlas ou de lancer Google Maps, pour se rendre compte que c’est aussi ridicule de parler d’inondations au Texas que de parler d’inondations en France ? De quelle région parlons-nous ? De la Bretagne, de l’Alsace, de la région PACA, du Centre-Val de Loire ? Parler d’inondations au Texas, c’est considérer que le Texas est un gros bousin uniforme, rempli bien évidemment par des texans bas de plafond, amateurs de whisky, de pétrole bon marché et probablement de bimbos affriolantes… Bref, encore une essentialisation comme les médias – et pas que les médias français – en raffolent.
En réalité, les inondations dont il est question ici, sont assez bien localisées, dans le comté de Kerr, et notamment d’une rivière appelée Guadalupe. Les précipitations ont été très fortes dans toute cette région, mais c’est bien dans une zone précise que les inondations qui ont fait plus de 80 victimes (à ce jour) se sont déroulées.
Pourquoi tant d’imprécisions ? La raison en est claire : en parlant d’inondations au Texas sans apporter de précision, on laisse planer le doute sur l’étendue de la région touchée, et cela permet de pointer du doigt les « climato sceptiques », en invoquant, encore une fois, une conséquence du terrifiant changement climatique, comme le fait parfaitement le quotidien Sud-Ouest.
Que le climat évolue de manière macroscopique, sous l’influence de l’activité humaine, c’est fort probable. En revanche, mettre cette tragédie sur le dos du processus en cours, c’est aller un peu vite, et c’est , insidieusement, une manière de déresponsabiliser une partie des victimes de ces catastrophes.
Car ce dont il s’agit ici, c’est d’un phénomène bien connu chez nous et dans d’autres pays, qui consiste à ne pas tenir compte de la géographie et de l’histoire des territoires occupés par les populations humaines. Construire des routes, des habitations ou des infrastructures sur l’ancien lit d’un fleuve, camper à proximité d’une rivière dont on sait qu’il lui arrive de déborder, c’est tout aussi inconséquent que d’allumer sa clim en hiver ou de rouler au diesel (surtout avec les générations de moteurs diesel, bien moins polluants qu’on ne le croit).
Les « flash floods » comme on les appelle là-bas, on en a vu d’autres en France il y a quelques années, ou en Espagne il n’y a pas si longtemps. On en parle même dans certains psaumes, qui parlent des Afiqim du Neguev. Il s’ait de cours d’eau desséchés qui en cas de grosses pluies se transformaient en torrents destructeurs, l’espace de quelques heures, avant de reprendre leur tranquillité apparente.
Imputer au changement climatique les dégâts provoqués par de tels événements, c’est faire fi de siècles d’histoire humaine, d’une connaissance fine du climat de telle ou telle région, pour assouvir le besoin de construire sans vergogne ou pour le plaisir de camper dans un petit coin tranquille, sans se douter que cela peut se transformer en quelques heures en catastrophe non pas naturelle, mais d’origine bien humaine…
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Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec