J’ai perdu un bédouin dans Paris
Je vais vous faire une révélation : je n’ai jamais été un grand fan d’Arthur et de ses émissions. J’ai dû regarder quelques épisodes des Enfants de la télé à l’époque de Pierre Tchernia, mais c’est tout. J’ai presque toujours trouvé sans grand intérêt ce qu’il avait produit ou animé, à la radio ou à la télévision. De la même manière, sa vie privée de m’a jamais intéressé. Tout au plus ai-je suivi, de très loin, ses succès d’entrepreneur des médias.
Mais depuis le 7 octobre 2023, j’ai remarqué un truc particulier avec Arthur, son engagement hors du cadre professionnel dans lequel je le situais auparavant, un acte courageux à notre époque. J’ai aussi pu remarquer combien il subissait d’attaques sur Twitter, comme de nombreuses figures emblématiques de la communauté juive en France. Et lorsqu’il est récemment passé à l’émission du samedi soir animée par Léa Salamé pour parler du sentiment d’isolement de la communauté juive de France et faire la promotion de son dernier livre, j’ai commandé J’ai perdu un bédouin dans Paris.
Arthur y raconte ses deux dernières années, sous la forme d’une sorte de journal de bord, dont je me suis parfois demandé, pour être honnête, s’il l’avait écrit seul ou en collaboration. Mais passons, tel n’est pas le sujet de cet articke.
On y découvre un Arthur que je ne connaissais pas, qui dévoile pudiquement son aventure personnelle, de juif né au Maroc et arrivé en France après la guerre des Six jours. Il y raconte le parcours de sa mère, dernière d’une famille de 14 enfants, orpheline de mère, et dont le père emmène sa famille s’installer en Israel, et y explique ses liens viscéraux avec ce pays.
Ce passé et cet attachement, explique-t-il, justifient qu’il ne peut rester indifférent d’abord face à ce qu’a subi Israel, puis face à ce que vivent les juifs de France depuis deux ans. Comme nous tous, il a pris les images du 7 octobre de plein fouet et a vécu comme nous ces deux premiers mois sous le choc, perdant ses repères, son entrain, son goût pour le divertissement. Mais il sait qu’il doit et qu’il peut faire quelque chose.

Durant ces deux années, Arthur va ainsi consacrer une grande partie de ses efforts à faire qu’on n’oublie pas les otages, participant aux manifestations, organisant une exposition en Israel pour que les artistes israéliens, désormais exclus des grandes manifestations internationales, puissent continuer à faire leur travail. Il va également mettre son réseau en action pour que les familles d’otages puissent venir témoigner en France – d’où l’épisode du bédouin dans Paris. Il va également se mobiliser contre l’antisémitisme, oeuvrant pour la production d’un clip publicitaire diffusé l’an passé.
Arthur raconte aussi la guerre que livre Israel, non comme un journaliste et un expert, mais comme un proche. Il est le filleul d’un jeune israélien, orphelin de père, qui part combattre à Gaza. Un récit anodin, qui relate ce qu’ont vécu des dizaines milliers de familles israéliennes. Et puis il y a ces cours chapitres, qui racontent en quelques lignes, une page, le destin de quelques uns des otages. Certains connus, d’autres passés inaperçus.
Ce bédouin dans paris n’est pas le livre du siècle, mais un témoignage touchant, d’un juif de France pas comme les autres, un de ceux qui a connu le succès, médiatique ou dans les affaires, mais qui n’a pas oublié ses origines, et n’en a pas perdu son humanité pour autant.
Bref, un livre qui mérite d’être acheté pour être lu et diffusé.
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec















