A House of Dynamite
Je ne sais pas si vous l’avez vous aussi remarqué, mais la situation internationale est un peu tendue depuis quelques mois. Entre la Russie qui s’excite contre l’Ukraine depuis bientôt trois ans, la Chine qui rode autour de Taiwan, la Corée du Nord qui essaie un ou deux missile par an, l’Europe qui se demande toujours comment réagir si le conflit en Ukraine dégénère, et tout ce qu’on a vu depuis deux ans au Proche-Orient, on finit parfois par se demander si ce n’était pas mieux à l’époque de la guerre froide, où les choses étaient plus claires et moins médiatisées.
La guerre froide donnait de temps en temps, il est vrai, l’occasion à de grands réalisateurs, de proposer des fictions autour de cocktail nucléaire que les grandes super puissances étaient en train de concocter. C’est ainsi qu’on a pu apprécier de véritables petits bijoux cinématographiques comme Docteur Folamour (Kubrick, 1964), Safe Limit (Lumet 1964), ou sur un autre registre, La souris qui rugissait (1959). Si vous ne connaissez pas ces films, essayez de vous les procurer et de les voir avant celui dont il va être question ci après, ce sont de vrais petits bijoux (on notera au passage que Peter Sellers jouait dans deux de ces films…).
La situation internationale tendue est donc l’occasion pour d’autres grands cinéastes de s’intéresser à la mère des batailles, celle qui opposerait les Etats-Unis a un de ses adversaires potentiels (scoop, on est passé de 1 à … plusieurs) en cas d’attaque nucléaire. C’est ainsi que Kathryn Bigelow, dont on a pu apprécier sa maîtrise dans la réalisation de films sur des sujets militaires dans le passé (Zero Dark Thirty, Démineurs, …) reprend la série de films sur un conflit nucléaire, en apportant une touche de modernité.
Exit les B52 de Fail Safe, bienvenue aux B-2 qui se sont récemment illustrés au-dessus de l’Iran. Exit la folie furieuse du Docteur Folamour, bienvenue à une flopée d’experts et de professionnels capturés dans la réalité d’un quotidien assez banal, et qui doivent prendre une décision qui engage l’avenir de la planète en un peu moins d’une demi-heure.
Construit à la manière d’Angles d’attaque, formidable film d’actions qui permet de suivre la trame centrale selon le point de vue de plusieurs individus, A House of dynamite se décompose donc en trois séquences où permettant de suivre l’action du film avec différentes perspectives, qui permettent de juger à la fois du niveau de préparation et d’information des différentes parties prenantes dans le processus de décision, mais aussi des impacts en temps réel sur ces mêmes individus.
Diffusé sur Netflix, A House of Dynamite est un bon film, peut-être pas le chef d’oeuvre qu’on aurait pu attendre sur un sujet aussi critique, mais un film qui pose de manière concrète les menaces auxquelles sont exposés les Etats-Unis, un des scenarios d’attaque parmi les plus probables, et l’organisation assez complexe qui permet de répondre à la menace…
Hervé Kabla, ancien patron d’agence de comm’, consultant très digital et cofondateur de la série des livres expliqués à mon boss.
Crédits photo : Yann Gourvennec

















