Mai 2018 n’est pas Mai 68

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Chaque année, à la même époque, un frisson d’excitation parcourt l’esprit de chaque étudiant un peu rêveur: et si cette année était le remake de Mai 68? Les événements qui se sont déroulés au quartier latin il y a bientôt 50 ans résonnent comme un appel à la révolte. Je me souviens que, déjà, en 83, quelques échauffourées avaient eu lieu sur le Boulevard Saint-Germain. Idem en 1986, où les manifestations contre la loi portée par feu Alain Devaquet avaient secoué le même quartier. Et cette année encore, des mouvements de protestation étudiants émergent ça et là, bloquant l’accès aux centres d’examens et réclamant l’annulation des partiels et leur validation automatique. Serions-nous à la veille d’un vrai Mai 68, cette fois?

Non, bien évidemment. Les motivations des mouvements de Mai 2018 n’ont rien à voir avec ceux d’il y a un demi-siècle. Alors que les étudiants de Mai 68 réclamaient « plus » – plus de liberté, plus d’autonomie, plus de communauté, comme le rappelle Edgar Morin – les étudiants de Mai 2018 veulent avant tout « moins » – moins de sélection, moins d’examens. Mai 68 visait le progrès, Mai 2018 vise la régression. Mai 68 portait les germes d’une modernisation de la France, Mai 2018 porte les stigmates d’une France qui préfère s’endormir plutôt que de lutter pour maintenir sa place et son rôle dans le monde.

Les petits-enfants des soixante-huitards, biberonnés à la télévision numérique, aux consoles de jeu et aux smartphones, n’auraient-ils retenu du printemps de leurs grands-parents que l’annulation des examens? Ce serait bien triste…

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