L’ordre du jour

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L’ordre du jour est un texte très court, de moins de deux cents pages dans un format de poche assez étroit. Mais les apparences sont trompeuses: ce texte est bourré de qualités. Eric Vuillard y fait le récit de l’ascension du nazisme au travers de quelques événements qu’il décortique de l’intérieur.

Au travers de chapitres assez courts et percutants, L’ordre du jour retrace donc quelques scènes tragiques de la période entre 1933 et 1938. La rencontre entre Hitler et le patronat allemand, qui collaborera sans états d’âme et survivra à la catastrophe mondiale, d’Agfa à Open en passant par Bayer ou Siemens. La convocation de Schuschnigg à Berchtesgaden, afin de forcer le destin. Le déjeuner entre Chamberlain et Ribbentrop, où ce dernier prit un malin plaisir à faire durer la rencontre de manière à gêner la réponse britannique à l’Anschluss. Et l’entrée finalement si peu triomphale des blindés allemands le 12 mars 1938.

Chaque événement est décrit de manière truculente, en rapportant la petitesse des personnages à l’immensité des intérêts qui sont en jeu: Ribbentrop et son élégance mis au service de la diplomatie du Reich, Halifax et sa naïveté, Schussnigg et son manque d’autorité au moment où il lui en faudrait tant.

Prix Goncourt 2017, L’ordre du jour partage, avec le livre d’Olivier Guez, prix Renaudot 2017, la particularité de traiter de sujets en rapport avec le nazisme et l’histoire du second conflit mondial. Tous deux sont un mélange de fiction et de faits historiques avérés, et ont le mérite de faire passer des messages clairs et non ambigus auprès de lecteurs qui ne sont pas forcément des passionnés d’Histoire. A une époque qui voit les textes antisémites de Céline grimper à la 32ème place des ventes Amazon, c’est peut-être le seul message rassurant.

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