Le néant quotidien

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Tombé il y a quelques semaines sur une interview de Zoe Valdès dans le quotidien Le Monde, je suis resté scotché par la puissance du témoignage de cette femme, née à Cuba il y a soixante ans, exilée depuis plus de vingt ans, et dont l’histoire reste intimement lié à cette île. J’ai donc commandé un de ses livres, mentionné dans l’article en question: Le néant quotidien.

C’est l’histoire de Patrie – drôle de prénom, n’est-ce pas – née un 2 mai au grand désespoir de son père, qui raconte son quotidien dans La Havane, au début des années 90. Entre le rationnement alimentaire, les coupures de courant, le troc, la misère ambiante, cette peinture de la société cubaine oscille entre tristesse et joie de vivre: le néant quotidien porte bien son nom.

De sa naissance tourmentée à son éducation, de son travail inutile à sa vie sexuelle débridée, cette jeune femme, Patrie devenue Yocandra, exprime à la fois un amour passionné pour son pays, et un dégoût absolu envers le régime qui l’épuise peu à peu. C’est à la fois drôle et triste, violent et sensuel, exotique et tellement proche de nous.

L’idéal serait un pays idéal, mais nous ne l’avons pas. Nous possédons un pays à la fois pauvre et grand, qui nous épuise et nous plaît, qui nous aime et nous hait. Un pays obsédé par tirer la richesse de sa misère.

Tout est dit.

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