Ingénieurs de tous pays, unissez-vous !

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?

En 2020, les Journées Nationales de l’Ingénieur connaîtront leur 7ème édition du 2 au 15 mars. Et à cette occasion, cet événement relativement peu connu, organisé par IESF, l’association qui regroupe les anciens élèves de toutes les écoles d’ingénieurs de France, coïncidera avec la première édition de la Journée Mondiale de l’Ingénieur, le WED, qui aura lieu le 4 mars.

Il faut dire que rarement le métier d’ingénieur aura véhiculé autant d’interrogations qu’à notre époque. Et quand je parle d’ingénieur, j’entends ce terme au sens large, englobant aussi bien les ingénieurs qui recherchent, que ceux qui développent et qui produisent. On leur doit tout, aux ingénieurs, de la roue à la machine à vapeur, d’internet aux centrales nucléaires. J’ai déjà écrit, par le passé, tout bien que je pensais de ce métier et de l’approche intellectuelle qui lui est propre, surtout en France. Les écoles d’ingénieurs, tant décriées par ce journal du soir que je persiste à acheter malgré ses attaques véhémentes et répétées sur leur rôle et leur pérennité, ont permis à notre pays de former des centaines de milliers de cadres à une approche synthétique et cohérente de quasiment n’importe quel sujet, alliée à une puissance de travail qu’on voit peu dans d’autres filières. IESF propose d’ailleurs un étonnant répertoire de tous les anciens élèves passés par des écoles d’ingénieur, gratuit et ouvert à tous.

Vis à vis des ingénieurs, deux reproches peuvent être formulés, cependant, et il est nécessaire que les établissements qui les forment et que celles et ceux qui se destinent à ces métiers en tiennent compte. Le premier, c’est qu’il arrive, très souvent, qu’une fois qu’on intègre ces établissements, la concentration se relâche, et que la puissance de travail mise au service des classes préparatoires disparaisse au profit d’un certain laisser-aller. Je suis parfaitement placé pour en parler: je me suis laissé vivre pendant deux années à l’X, puis une année à Télécom, avant de redresser le tir la dernière année et de m’impliquer à fond dans mes études. Je connais nombre de mes congénères qui ont eu un parcours aussi léger. C’est regrettable, car dans d’autres pays, les ingénieurs en cours de formation s’investissent tout au long de celle-ci. On en arrive à des situations où des établissements, naguère considérés d’un moins haut niveau que nos meilleures écoles, viennent à passer devant celles-ci. Quel gâchis. Dans un contexte de compétition internationale entre établissements de haut niveau, c’est un détail important qu’il convient de corriger.

Le second reproche, c’est de faire des ingénieurs qui sont à la pointe des technologies, mais un peu moins avertis sur les effets secondaires d’une technologie à outrance. J’y reviens de plus en plus souvent dans ces articles, c’est vrai, et c’est peut-être un biais induit par mes lectures du moment autour de l’intelligence artificielle. Mais de même qu’on est en droit de s’inquiéter du développement de l’arme nucléaire chez certains états mal intentionnés, on est en droit de s’interroger sur les effets de bord de certains projet de R&D menés parfois pas si loin de chez nous. Il ne s’agit pas de fixer un cadre légal rigide qui empêche toute recherche. Mais de responsabiliser celles et ceux qui les mènent. Tout le monde à le droit de posséder un couteau. À condition de ne s’en servir que dans le cadre d’activités non belliqueuses.

Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. Veillons à ce que les ingénieurs aient à tout moment la célèbre maxime de Rabelais à l’esprit. Et c’est aussi le sens des appels à la régulation, en provenance de différents entrepreneurs de la Silicon Valley, de Mark Zuckerberg à Elon Musk. On peut déjà les diriger vers la charte éthique diffusée, il y a déjà quelques années, par IESF…

Cet article vous a plu ? Pourquoi ne pas le partager ?