Vers la fin du permis de conduire?

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Depuis une quinzaine d’années, le secteur automobile a connu deux révolutions extraordinaires: le véhicule électrique et la voiture sans conducteur. De la première révolution, nous pouvons depuis quelques temps, déjà, constater les premiers effets. Autolib, Tesla, et autres versions électriques proposées par des constructeurs déjà bien installés, font partie de notre quotidien. En sera-t-il bientôt de même pour la seconde révolution?

This image provided by Google shows a very early version of Google's prototype self-driving car. The two-seater won't be sold publicly, but Google on Tuesday, May 27, 2014 said it hopes by this time next year, 100 prototypes will be on public roads. (AP Photo/Google)
This image provided by Google shows a very early version of Google’s prototype self-driving car. The two-seater won’t be sold publicly, but Google on Tuesday, May 27, 2014 said it hopes by this time next year, 100 prototypes will be on public roads. (AP Photo/Google)

Dans un article récemment publié dans Time, le journaliste Matt Vella considère que ce sera bientôt le cas, et que nous ne devrions même plus, nous les humains, être autorisés à conduire, tant sa confiance dans le logiciel de ces véhicules auto-guidés est élevée. Pour lui, un logiciel est un conducteur bien plus fiable qu’un être humain: il ne s’endort pas au volant, ne prend jamais la route bourré ou shooté, n’a pas besoin de s’arrêter pisser, ne pique pas de crise de colère en cas de queue de poisson, et ne se laisse pas importuner par les cris des enfants, la discussion avec sa femme ou les textos reçus sur son smartphone. Sans parler des économies d’énergie obtenues grâce à une conduite optimale.

Mieux, les premiers tests réalisés par Google ou Tesla semblent très encourageants. Malgré le récent accident d’une Lexus pilotée par un logiciel Google et dans lequel la société reconnaît sa responsabilité, le bilan est assez impressionnant. En 2 millions de kilomètres de tests réalisés sur des routes publiques aux Etats-Unis, seulement 17 accidents, et la plupart sont d’origine humaine. Et même dans celui dans lequel Google reconnaît sa responsabilité, il semblerait que ce soir le chauffeur du car qui n’a pas eu la même évaluation que le logiciel… Que de progrès réalisés depuis 2004, et les premiers tests réalisés par le DARPA

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En 2005, victoire d’un VW Touareg (équipé par Stanford) devant un Hummer (université Carnegie-Mellon).

Bref, les voitures sans conducteur vont débarquer un jour ou l’autre, c’est indubitable. Il faut dès à présent penser aux conséquences, heureuses ou malheureuses. Pour l’industrie, il s’agit bien d’un renouveau, et donc d’opportunités de renouvellement du parc automobile un peu partout dans le monde. Partout, vraiment? Pas si sûr. La voiture autoguidée coûtera cher. Elle ne devrait se diffuser, d’abord, que dans les pays développés.

Le passage vers le sans conducteur devrait également relancer l’activité de certains garagistes, qui auront à équiper les véhicules actuellement en circulation du logiciel ad hoc. Qui prendra en charge le coût d’équipement? Pourra-t-on le faire soi-même, à la maison, ou devrons-nous passer par des garages assermentés?

Du côté des auto-écoles, en revanche, ça risque de faire la gueule. Car si l’on n’a plus besoin de conducteur, ou n’aura plus besoin de passer le permis de conduire. Ni de le repasser. Gentil mouvement de protestation en vue… Idem du côté de la police et de la gendarmerie, je doute que la voiture autoguidée s’amuse à faire des excès de vitesse. Du côté des assureurs, la décrue se fera en douceur. L’absence de conducteur humain n’empêche pas d’éventuels accidents de la route, sans parler des tentatives de vol.

La voiture sans conducteur pose aussi d’intéressants problèmes intellectuels. Que doit décider le logiciel s’il se trouve dans une situation où il risquerait de percuter un groupe de piétons, et où le seul choix d’évitement possible mettrait en danger de mort ses propres occupants? Sujet théorique, et on est en droit de se demander comment le logiciel a-t-il pu se mettre dans pareille situation. Autre vision amusante, évoquée par le journaliste, la fin des feux de signalisation, les véhicules pilotés par logiciel étant capables de se repérer et donc de détecter s’ils peuvent se croiser sans décélérer: cette fois, l’idée me paraît plus absurde, les feux de signalisation servant non seulement aux véhicules qui se croisent, mais aussi aux piétons.

C’est du côté des parkings, également, que viendront de grandes innovations. Plus besoin de tourner deux heures pour chercher une place! La voiture sans conducteur pourra aller se garer après avoir déposé ses occupants, puis venir les chercher après leur sortie au cinéma ou au restaurant. Les parkings devront être capables d’accueillir de tels véhicules, avec des solutions de paiement sans contact. Sans parler du gain de place, puisqu’elle saura se garer même dans les situations les plus difficiles.

Enfin, et c’est là le plus amusant, le véhicule sans conducteur, puisqu’il ne nécessite pas de permis de conduire, pourra donc être emprunté par n’importe qui. Y aura-t-il une limite d’âge? Un enfant de 10 ans pourra-t-il emprunter la voiture de ses parents pour déposer ses petites soeurs de 7 et 8 ans?

L’article n’aborde pas, malheureusement, une autre question importante. Google connaîtra-t-il, dans ce secteur, le même succès que dans celui des smartphone? Les automobiles autoguidées embarqueront-elles une version automobile d’Android, avec un nom de code bizarre commeandromobile, par exemple (le nom de domaine est en vente à moins de 3000$)?

Note: apparemment, c’est le projet d’une startup japonaise, Green Lord Motors

Nous ne sommes pas au bout de nos surprises…

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