Adamas maître du jeu

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Multimilliardaire secret, Zoran Adamas vient de s’emparer sur 1T, entreprise technologique vieillissante que son équipe de direction a mené au déclin, par paresse, lâcheté et manque d’envergure. Quel est son projet? Faire jouer ses employés à un jeu en réalité virtuelle, le Cosplay. Au terme de trois jours, et après de singuliers combats qui se déroulent dans le jeu comme dans la vie réelle, que croyez-vous qu’il adviendra?

Livre plaisant, même si l’intrigue laisse peu de doutes sur son issue, Adamas maître du jeu est le premier roman de Laurent Ladouari, paru une première fois sous le titre Cosplay. Il est le premier tome d’une trilogie qui s’articule autour de son héros, Zoran Adamas, et des élèves pssés par son école, celle des Nonpareils. L’univers post-apocalyptique qui y est décrit n’est pas sans rappeler ceux que l’on retrouve régulièrement au cinéma, chez Luc Besson ou d’autres réalisateurs (d’ailleurs, je verrais bien Besson l’adapter…). Une part significative du livre se déroule à l’intérieur du jeu, dans un univers virtuel, qui n’est pas sans rappeler celui de Payer One.

Mais Adamas maître du jeu est un peu plus qu’un livre de fiction. Son action se déroule dans une entreprise de technologie, une des rares qui ont survécu après la déroute des GAFA (et oui, tout a une fin, même Google). Ses modes d’organisation rappellent, pour ceux qui ont vécu dans des start-up devenues de grandes entreprises internationales, les dérives qu’on y rencontre: clientélisme, vision court-terme axée sur les perspectives de profit, assèchement des capacités de développement en interne. Non, je ne citerai pas de nom, mais certains lecteurs retrouveront probablement l’univers dans lequel ils ont évolué disons entre 1981 et 2001.

C’est indéniable, le Cosplay montre qu’il existe des solutions pour sortir de ces dérives là, et retrouver la dynamique initiale. En offrant un territoire d’expression à celles et ceux qui n’en disposent plus, et en permettant de juger de la capacité des individus non pas sur la base de leur fiche de paie, mais de leur réelle contribution à la valeur de l’entreprise. Cela passe, comme l’illustre le livre, par une remise en cause fondamentale, que seul le travestissement du Cosplay autorise. Un peu comme dans un mardi gras géant, où les paroles se délient.

Pour autant, quelles entreprises seraient assez audacieuses pour mener de telles transformations? La seule qui me vienne à l’esprit est celle évoquée dans ce livre tout aussi remarquable écrit par Ricardo Semler, Maverick.

Utiliser la fiction, le Cosplay et la réalité virtuelle pour parler de transformation de l’entreprise, c’était un pari audacieux. Laurent Ladouari est parvenu à le relever. Adamas maître du jeu est, de ce point de vue, un pur délice. Et pour d’autres raisons encore, je peux vous assurer que vous ne le lâcherez pas tant que vous n’aurez pas atteint la dernière page.

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