5 raisons pour ne pas abandonner l’apprentissage de l’écriture manuscrite

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Mais quelle mouche les a donc piqués? Après une quarantaine d’états américains, c’est au tour de la Finlande d’abandonner l’apprentissage de l’écriture manuscrite au profit de l’apprentissage de l’écriture via un clavier. Notre génération serait-elle prête à sacrifier le bic au profit du clavier Azerty? Les dirigeants des pays qui ont pris ce genre de décision sont-ils stupides au point de croire que le passage au digital se fera sur l’autel de l’écriture manuscrite? Il serait bon de remettre les pendules à l’heure.

boite de stylos bic


La soumission à la fée électricité

Premier inconvénient, et non des moindres, l’écriture par le biais d’un ordinateur suppose qu’on dispose non seulement dudit ordinateur, mais aussi de son alimentation: batterie, électricité, etc. C’est peut-être banal, mais ce n’est pas sans conséquence, car l’électricité, abondante et bon marché, n’est hélas pas disponible tout le temps et partout où on souhaiterait qu’elle le soit: sur un bateau, en plein désert, ou dans une geôle, par exemple, il est plus difficile de s’en procurer. Sans parler de situations plus courantes: en cas de panne, de batterie épuisée, ou de cataclysme, l’écriture informatisée est tout bonnement impossible. Ce qui signifie que l’enfant chez qui on aura fait l’impasse de l’apprentissage de l’écriture manuscrite risque de se trouver bien embêté dans des situations où seuls un stylo et une feuille seront à sa disposition.

Une faille dans la mémorisation de l’écriture

– Dilemme, ça s’écrit comment déjà?
Et oui, en cas de doute sur l’orthographe d’un mot, la question que l’on se pose, c’est : comment cela s’écrit. Pourquoi? Parce que l’apprentissage de l’écriture va de pair avec l’apprentissage du langage évolué, de l’orthographe et de la grammaire. J’ai personnellement de gros doutes sur les capacités orthographiques et grammaticales de ces chers enfants élevés au goût du clavier, qui auront appris à corriger leurs erreurs grâce au fil rouge qui souligne les fautes repérées par le correcteur automatique de leur traitement de texte…

Un frein à l’imagination

L’écriture manuscrite, c’est avant tout un formidable canal pour exprimer son potentiel imaginatif: la feuille blanche, en deux dimensions, permet à l’individu de s’exprimer pleinement, en accédant librement, et sans trop de contorsions, à tout emplacement de la page qui se dresse devant lui: e, haut, en bas, de travers, en arrière, à l’envers, peu importe, son stylo est libre d’aller là où il le souhaite.

C’est autrement plus difficile avec un clavier et un traitement de texte. La saisie informatisée via un clavier et un traitement ou un éditeur de texte est un processus linéaire, et non bidimensionnel. Déplacer la zone de saisie vers le bas ou vers le haut, cela requiert un accessoire supplémentaire – une souris, un trackpad. Et encore, cela n’est possible que sur les lignes prévues par l’outil: bien sûr, on évite ainsi d’écrire de travers, mais avouez que c’est parfois plus lent que d’écrire à la main.

Doit-on préférer l’outil à sa finalité?

Ce que je reproche avec l’écriture informatisée, c’est qu’elle devient une finalité au détriment de la véritable finalité, qui est de produire un texte. Le crayon, la plume ou le calame, avaient cela de sublime, qu’ils n’étaient pas une fin en soi: l’objectif de celui qui s’en saisit, c’est la mise par écrit du fruit de son imagination. Avec l’apprentissage au clavier, on sent que la finalité n’est plus de produire un texte, mais d’apprendre d’abord … à taper à la machine!

Comprenez-moi bien: je n’ai rien contre la saisie informatisée en soi: ce texte a bien été écrit sur un ordinateur, sans passer par une version manuscrite (hélas, devrais-je ajouter). Mais son apprentissage doit arriver après la maîtrise de l’écriture manuscrite. Et je dis bien son apprentissage, car combien de fois me suis-je insurgé contre ces gens, confrontés à un monde d’ordinateurs, et qui s’obstinent à frapper avec un seul doigt! J’ai déjà évoqué ce sujet dans un précédent article. Savoir frapper au clavier avec vitesse et dextérité est un avantage indéniable. Mais qui ne doit pas se développer au détriment de l’apprentissage de l’écriture manuscrite.

La force du brouillon

La force de l’écriture manuscrite, ce sont les ratures, les fautes, les gribouillis, toutes ces traces écrites du processus logique auquel est parvenu l’auteur d’un texte, qui aident à comprendre son cheminement, et à le corriger durant sa formation. Retirez les ratures, et vous perdez la possibilité d’aider un élève qui se trompe, car vous ne disposez plus de la trace de son raisonnement.

Bien entendu, on apprend à l’école à ne pas faire de ratures, à écrire proprement, et pour cela, on apprend à utiliser un brouillon. Avez-vous déjà utilisé un brouillon sur un ordinateur? Non, bien entendu. Et vous rajouterez même que c’est inutile. Et bien je prétends le contraire, que le brouillon est le socle sur lequel se construit le message intelligible, et que c’est cette absence même de brouillon qui rend la saisie sur ordinateur inopérante, pour une raison simple: on croit rédiger au propre, alors qu’on n’en est qu’au brouillon

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